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Beaucoup d'intox dans notre personnel médical sur les vaccins (qu'ils font passer pour vrais par le pouvoir du statut)
Cette phrase ayant fait couler beaucoup d'encre elle mérite des précisions. Tous les matins on a un briefing avec l'équipe médicale et les directives du jour. C'est là que, quand on a du passer un max de Moderna avant que notre lot soit périmé, on nous a dit et répété combien Moderna était mieux que Pfizer parce qu'il contient 100mg d'Arn quand Pfizer en contient 30, qu'il protégeait mieux, en particulier contre les variants et principalement Delta (et que tout cela était appuyé par tout un tas d'études). On nous a fortement suggéré d'utiliser ces explications pour convaincre les patients. Je n'ai pas de formation médicale mais suffisamment de formation scientifique pour chercher correctement des études scientifiques et en comprendre le résumé/Abstract (voir parfois plus) et quand j'ai cherché, rien ne permettait de dire que Moderna était mieux que Pfizer. Cette logique (se reposer sur l'argument d'autorité de la formation médicale) leur permet de justifier les bizarreries sur l'attitude envers les sérologies négatives, la vaccination des femmes enceintes etc (et aussi globalement de nous prendre pour des abrutis).
Par exemple, j'ai eu une discussion avec la grande grande chef du site (cheffe médicale) a qui je disais qu'il fallait se méfier de la rhétorique de la presse qui montre la faible proportion de gens vaccinés hospitalisés craignant le futur retour de bâton parce que :
1 - les gens vaccinés peuvent encore attraper le covid (j'ai connaissance de la courbe de proba covid pas vacciné > primo vacciné > double vacciné asymptomatique > double vacciné faiblement malade > double vacciné hospitalisé > double vacciné réa > double vaccinés décédés mais une faible proba ne veut pas dire impossible)
2 - les gens vaccinés sont de plus en plus nombreux
3 - les gens vaccinés peuvent encore (même si c'est très très rare) avoir des formes graves qui nécessitent hospitalisation et réa et surtout peuvent l'attraper et le transmettre (répétition de mon point 1 déso)
Au fur et à mesure des semaines, bien que la couverture vaccinale monte, la circulation du virus se maintiendra quand même du fait de la contagiosité de Delta (indice de contagion (R0) de la souche Delta proche de 6 (ce qui est beaucoup, globalement le double de la souche d'origine) et alors mathématiquement les gens vaccinés finiront tôt ou tard par être de plus en plus nombreux à l’hôpital ce que les antivax instrumentaliseront comme un échec du vaccin.
Il était impossible pour elle de comprendre ça. Elle ne comprenait ni la logique mathématique, ni la réalité médicale que bien que très rare, les gens doublement vaccinés peuvent avoir des formes graves voir mourir. Ce même personnel médical je l'ai vu mentir sur les effets secondaires pour calmer des patients flippés etc. C'est quand même impressionnant.
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Et est-ce que tu as une idée de la proportion "d'antivax" en fonction des catégories (médecins, infirmières, non diplômés...) ?
Chez les médecins c'est rare. Chez les étudiants en médecine presque inexistant. Chez les infirmières qu'on a je dirai 1 sur 3 méfiante, 1 sur 5 hostile. Mais le personnel médical hostile a été remercié (viré). Dans l'équipe non-médicale les étudiants sont vaccinés et favorables au processus vaccinal (3 sciences-Po, 2 fac de bio, 2 sciences humaines...) et également conscient de ne pas être experts.
Chez les autres (équipe non médicale hors étudiants), une partie s'est sentie forcée mais une moitié l'a fait sans trop ronchonner. Les autres (une grosse dizaine) ne veulent pas le faire et quitteront le vaccinodrôme quand ce sera obligatoire (sous prétexte qu'on a pas attendu 3 ans de voir si le vaccin avait des effets de long terme, qu'on ne vaccine pas en période de pandémie et qu'ils ont pas confiance). A noter que la cheffe de site non médicale (tristement mon ancienne coloc) en fait partie.
Chez les patients les antivax qu'on retrouve sont :
La gauche militante éduquée mais sans formation à une quelconque méthode scientifique. Elle mobilise souvent le "nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté à la frontière", "le discours du gouvernement sur l'inutilité des masques quand on en avait pas passez en avril 2020" et autres fiascos de com public pour justifier la défiance. Parfois on retrouve aussi dans leur discours des scandales sanitaires ayant vraiment eu lieu. Assortis d'un discours sur la France à 2 vitesses du au pass sanitaire qui discrimine ceux qui n'ont pas eu le temps, les laisser pour compte etc. Cette gauche (souvent écolo) que j'appelle perso les écolos illogiques ou la gauche sans esprit critique (que vous, vous appelez les SJW mais j'aime pas ce terme parce que je partage certains de leur combats je les trouve juste connement menés) est sensible à deux types d'arguments :
1 - On vaccine les sans papiers et les sans abri et les associations trouvent mêmes des moyens de les accompagner et leur trouver le minimum nécessaire à la vaccination. Il y a un véritable travail de prise en charge de ces populations en difficulté, sans que la police vienne y mettre son nez.
2 - Ils acceptent de modifier leur mode de vie en profondeur (mobilité, logement, alimentation, engagement professionnel fortement modifiés) pour "acter" le risque majeur écologique qui tue déjà des millions de personnes par an et s'insurgent de ceux qui continuent à vivre leur quotidien boeuf/4x4/avion/chauffage au fioul/Société générale sans réaliser la gravité de la situation. Mais... ces gauchos ne le font pas pour le risque Covid (peu de respect du masque, des distanciations, du couvre feu, du confinement, du ralentissement social, du lavage de main etc) et quand on leur dit, ils reconnaissent le deux poids deux mesures. Le coup de grâce vient au moment où ils réalisent désirer un virage autoritaire écolo en terme de réformes et quand ils l'obtiennent face au risque sanitaire ils sortent manifester contre l'amoindrissement de leur liberté.
Ils sont souvent arrogants et sûrs d'eux (ça leur vient de leur classe sociale et de leur diplôme, ce qui me donne un plaisir encore plus jubilatoire à les coincer argumentativement).
Le second groupe est composé des périurbains et ruraux qui ont pas suivis d'étude et ont globalement l'impression que la vaccination est un choix individuel, que la politique ne les concerne pas et ne les affecte pas. Soudainement contraint ils arrivent à reculon, hallucinés que le pouvoir puisse les obliger à quelque chose. Ils sont aussi la France des fake news. Absence de compréhension des ordres de grandeur, de la méthodologie scientifique, des risques normalisés et nouveaux (quand on leur dit qu'ils ont plus de chance de mourir en venant en voiture au centre de vaccination qu'avec le vaccin ils nous regardent avec des gros yeux), la logique a aucune prise sur eux et considèrent que "chacun a son opinion". Même rengaine chez les vieux qui ont peur pour leur vie (eux) et sont méfiants de nous et notre ignorance présumée (je leur en veux pas quand je vois le nullisme de mes collègues).
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D'ailleurs, je remarque de plus en plus comment le prosélytisme est souvent un processus "défensif" qui se fait en réaction aux attitudes hostiles répétées.
Perso je veux bien que tu explicites ce passage là stp, je suis pas sur de l'avoir bien compris.
Prenons l'exemple de la vaccination. Moi je considère la vaccination comme un devoir collectif. Cela entre en opposition avec les valeurs individualistes de la société occidentale mais, à mes yeux, le but du vaccin est de créer une couverture vaccinale (qui dépend du R0 du virus) suffisante pour ralentir puis presque empêcher la propagation épidémique. Qui plus est, ce virus entrainant des soins hospitaliers longs et complexes, la place disponible dans les hôpitaux publics et autres infrastructures de soin est un élément clef dans la lutte contre le covid particulièrement quand on approche de la saturation. Par conséquent, diminuer la vitesse de propagation du virus et la fréquence des formes graves assure une protection efficace contre la maladie et contre les conséquences sanitaires de la saturation hospitalière (parce que, je le rappelle, les gens dont on décale examens et opérations bah parfois ils en meurent. Comme tous ceux dont le cancer a été diagnostiqué trop tard par exemple...). Donc quand le vaccin est sorti, j'étais pas serein serein, mais après m'être renseigné sur la méthodologie des stades de validation des vaccins en développement, je me suis dit que, si les médecins de ma famille et les experts médicaux français et européens validaient le vaccin et se faisaient vacciner, alors je le ferai aussi (pas ravi, mais convaincu que eux sont bien plus à même d'en mesurer la fiabilité et le degré de risques). Je suis donc vacciné, sans être militant pro-vaccin (je parle du covid). Mais à force d'être confronté à des gens qui nous expliquent qu'on est des abrutis, que les vaccins sont dangereux, peu fiables et qu'on fait un travail de collabo odieux, j'ai du justifier mon boulot, le boulot des épidémiologistes et virologues, les résultats des vaccins obtenus dans divers revues médicales (comme
the Lancet), pourquoi je me suis fait vacciner, pourquoi je hiérarchise l'expertise des autres selon une hiérarchie précise et ça a fini par me rendre profondément pro-vaccin est intolérant aux gens qui critiquent/doutent/méprisent les vaccinés/vaccinateurs.
J'avais déjà observé le même phénomène avec les régimes végétariens et vegans qu'on fait passer pour des nazis prosélytes mais qui en faites le deviennent (tous ceux que je connais le faisaient dans leur coin et c'est les autres qui viennent poser des questions, puis débattre, puis bouffer le seul plat qu'ils pouvaient manger, puis blaguer avec ce type de blague qui finit toujours par "oh ça vaaaaa" ce même bruit qui ponctue les blagues juives ou celles sur les agressions sexuelles).
Cette polarisation par l'opposition existe aussi sur les réseaux sociaux je crois (je pratique peu) et a surement déjà été étudié mais ça me semblait intéressant de voir comment des comportements constamment observés/commentés/questionnés prennent, à force, une place plus importante dans notre existence.